Castlevania Rétrospective Partie V - Castlevania / Legacy of Darkness

Jusqu'où pouvez vous mettre votre foi dans un jeu ou dans une série de jeux. Et d'ailleurs, pas seulement dans un jeu, maintenant que j'y pense, mais dans tout : en juin 2009, je suis allé au cinéma avec un ami voir Terminator : Salvation, j'avais été peu emballé par "Rise of the Machine" (le troisième), mais quand bien même, en grand adorateur du deuxième film que je suis, je suis condamné à aller voir chaque film Terminator qui sortira, aussi nul puisse t'il être. Même après avoir vu ce... euh... ce qu'on m'a montré... je n'arrivais toujours pas à accepter la vérité et m'efforçait de voir quelque chose de bien dans ce film... ça a marché... euh... moyen, dirons nous. Le film avait une bonne idée de base (ce qui est le moins qu'on puisse espérer surtout après T3) mais il avait manqué presque toutes les occasions d'être un vrai Terminator épique : clin d'oeils maladroits, scènes d'actions beaucoup trop nerveuses qui perdent toute tension comme le T-1000 courant après la voiture, Skynet qui créé des Transformers...


Pourquoi je vous parle de ça ? parce que Castlevania sur 64 a un peu le même problème, même s'il n'échoue pas autant que T4, soyons honnête. Il n'empêche que, de même que pour T4, Castlevania 64 a été totalement rejeté par les fans de la saga, à tel point que tout les vidéotesteurs l'ont démoli dès qu'ils en ont eu l'occasion... alors pourquoi est ce que je devrais en rajouter une couche ?? bah... tout simplement parce que je suis un connard prétentieux qui n'a rien de mieux à faire de sa vie.

Je suis donc entré dans ce jeu de plein pied en me disant "baah, comment pourraient-ils foirer ça, c'est un Castlevania, ça peut pas être mauvais" (mon sens du fanboy était à l'époque au top, maintenant il est totalement réduit à néant, après avoir vu tant de choses que je chérissais autrefois me trahir : Resident Evil, Star Wars, Final Fantasy, et, oui, Castlevania). Pour être franc avec vous j'ai directement tapé dans Legacy of Darkness, parce que je savais à l'époque de quoi il retournait sur ces deux versions et je vais d'ailleurs même le dire directement ici : Castlevania - Legacy of Darkness est en réalité une version Gold de Castlevania 64, et bien que ça soit pas super réglo de nous faire acheter deux fois le même jeu, LoD nous apporte tout de même un gros plus en ajoutant des niveaux supplémentaires, et deux autres personnages jouables. Bien que le reste du château soit le même, l'aventure avec les nouveaux personnages n'est pas la même, car elle se passe à un autre moment.

Les 4 personnages sont les suivants : Cornell, un homme-bête/loup-garou, Reinhardt Schneider, qui descendrait des Belmonts, Carie Belnades (ou Fernandez selon la traduction officielle) qui serait donc normalement cousine éloignée de Reinhardt si celui ci est un descendant des Belmonts et Henry.

Je vais me débarrasser du mode Henry très vite : vous traînez dans les premiers niveaux du château juste pour sauver des pauvres petits enfants qui ont été enlevé (probablement par l'armée de cercueil pédophiles du comte Dracula), et le fait de les sauver débloque des costumes alternatifs pour les autres personnages.

concernant Cornell, l'histoire se passe 8 ans avant que Reinhardt et Carie n'entrent dans le château de Dracula, il cherche sa soeur qui a été enlevée par Death pour ressusciter Dracula. On voit lors de l'intro que d'autres personnages jouent un rôle dans ce plan : Gilles de Rais, Actrise... des personnages que Cornell croisera mais ne combattra pas, car ils mettront plutôt des bâtons dans les roues de Rheinhardt et Carrie, dont l'aventure est précisément celle qu'on avait dans Castlevania sur 64.

Il est inutile que la comparaison aille plus loin ici car, mise à part quelques améliorations techniques, du genre rajouter des plates-formes pour rendre certains endroits moins difficiles, il n'y a pas grand chose de plus à dire.

Pour ce qui est du scénario, beh, on est sacrément bien servit, là, pour le coup. Je vous rappelle qu'on a deux jeux en un et un mini jeu à côté. L'histoire n'est pas époustouflante, évidemment, ça reste du "on se farcit tout le château pour taper Dracula", mais on appréciera quand même les quelques protagonistes qu'on nous présente : Charlie Vincent, un chasseur de vampire âgé (un peu comme Van Helsing dans ses représentations les plus fausses), Rosa une vampire sensée séduire Reinhardt mais qui semble plus troublée par sa condition qu'autre chose, Actrise, une sorcière, Gilles de Rais, le majordome du château, et d'autres personnages qui ne servent soit qu'à une scène, soit à nous donner des indications. Sans être un véritable Metroidvania comme les gens l'entendent d'habitude, ce Castlevania là nous offre une dimension d'exploration assez profonde et, somme toute, assez sympa. Mon personnage préféré reste Renon, le marchand, c'est un démon venu gagner sa vie dans le monde des humains, et votre âme au passage : si vous lui prenez trop d'argent (surtout : si vous faites le plein juste avant de devoir lui dire au revoir), il vous dit que vous avez vendu votre âme au diable et vous devrez le combattre. C'est une idée sympa, les marchands de Castlevania devraient être plus comme ça, des espèces de démons/détraqués qui vous vendent des trucs mais qui en fait veulent votre peau pour X raisons.


Il y a pas mal d'interactions entre les divers personnages, et cela donne une trame assez sympa qui mène à différents boss selon le personnage. Par exemple : Cornell retrouve Ortega, son ancien rival, et doit le combattre juste devant la Tour de l'Horloge, Reinhardt combat Death à cet endroit, et Carrie combat Actrise. Cette idée est ingénieuse non seulement parce qu'elle donne l'impression d'une histoire différente à chaque fois et d'un dénouement propre à chaque personnage mais en plus le joueur ne se lasse pas à mi chemin dans le jeu de devoir faire les mêmes niveaux parce qu'ils sait qu'au bout de tel ou tel niveau, un nouvel ennemi l'attendra et une nouvelle scène aura lieu.

Une fois de plus, le scénario de ce jeu ne vole pas haut, c'est un Castlevania, c'est pas Le Seigneur des Anneaux, mais il faut saluer l'initiative de nous en avoir mit autant, pour le coup.

Là où le jeu manque ses occasions c'est au niveau du gameplay. Commençons par Cornell, c'est un loup garou, et on a la possibilité de le faire se transformer, ce qui décuple sa force. Dit comme ça, ça a l'air super cool, mais en fait non ça ne l'est pas. Une fois transformé, le nombre de cristaux qu'on a (qui font office de coeur) chute rapidement, et s'il atteint "0", Cornell redevient humain. Cela peut paraît logique, mais là où le bas blesse c'est qu'une fois transformé, on ne peut pas annuler la transformation... ce qui est un gros problème car autant sur un boss ça peut aller, mais si vous voulez juste vous débarrasser d'un ennemi un peu chiant... vous l'avez dans l'os, et vous avez besoin des cristaux pour utiliser les armes secondaires. Se transformer revient donc à s'auto-condamner à bourriner bêtement sans pouvoir planifier de stratégie.


Ensuite, il y a le problème de la gestion du jour et de la nuit. Une horloge tourne en haut de l'écran, indiquant l'heure et s'il fait jour ou nuit. Vous pouvez aussi utiliser des cartes pour avancer l'heure jusqu'au crépuscule ou jusqu'à l'aube, certaines portes ne s'ouvre que s'il fait jour ou nuit, donc ces cartes sont assez utiles. MAIS, tout ce petit système se retrouve complètement en pagaille étant donné que vous êtes prit par le temps, parce que, dans la quête de Reinhardt et Carrie, si vous prenez trop de temps (c'est à dire 9 jours et 9 nuits), Charlie Vincent aura été voir Dracula avant vous et se sera transformé fait transformé en vampire, et vous aurez la mauvaise fin (car Charlie est un personnage essentiel pour obtenir la vraie fin du jeu). Après vous allez me dire qu'il suffit de faire le jeu une première fois à fond et d'avoir la mauvaise fin et de faire le jeu une deuxième fois et cette fois de rusher... libre à vous, ce n'est pas bien grave, mais ça aurait été bien si on avait pas eu ce problème de temps, et qu'à la place on eut certaines actions à faire pour empêcher telle ou telle chose (par exemple les lunettes magiques dans Symphony of the Night qui permettent de voir ce qui contrôle Richter pour ne pas avoir à le tuer).

Le gros défaut technique ce jeu est sa maniabilité qui n'est pas affreuse, mais pas non plus géniale. Premièrement, on avance très lentement (même en courant), et les terrains sont assez profonds, le seul moyen d'accélérer et de sauter comme un idiot. Enfin, pour ce défaut là, j'ai un autre Castlevania en tête qui a réussit à faire pire. Deuxièmement, évaluer les distances est plus compliqué, le jeu est sombre, a une atmosphère brumeuse, ce qui est bien, on est dans l'ambiance, seul problème, évaluer les distances n'est plus aussi simple (sauf pour la Croix qui frappe à tout les coups). Aussi, lancer la hâche vous donne 50% de chances de rater votre cible, le couteau 90%, l'eau bénite 5% (normal vous faites ça à proximité de votre cible)... j'en oublie une ? si oui, tant pis, ça prouvera juste que j'ai très peu utilisé les armes secondaires, à cause de ce problème. Donner des coups avec l'arme de base est moins hasardeux, déjà Carrie et Cornell utilisent des projectiles, donc ça règle le problème, et Reinhardt utilise le fouet mais dans tout les cas il y a une sorte de viseur comme dans Zelda Ocarina of Time, bien qu'il soit plus volatile et qu'on ne puisse pas réellement verrouiller sa cible comme dans ce même Zelda. La caméra de ce jeu passe aussi parfois en vue éloignée, et ne peut être réglée qu'en mode "Normal" (i.e : votre personnage vu de dos) avec le bouton Z de votre paddle, les boutons "C" ne servent ici qu'à réaliser des actions comme parler avec un protagoniste, ramasser un objet ou utiliser le coup alternatif (c'est une attaque courte portée qui ne consomme rien et qui peut parfois s'avérer utile). A cause de cela, certains passages sont corsés à faire, notamment le fameux passage dans la Forêt du Silence qu'absolument tout les testeurs sur la planète ont montré pour dire à quel point les contrôles de ce jeu étaient mauvais, et où il faut descendre une falaise pour rejoindre une autre et l'escalader. Ce passage est dur si on a pas l'habitude, oui, mais il n'est pas non plus infaisable, en deux essais ça devrait être réglé, entraînez vous un peu, les gars.

Pour conclure sur la caméra je dirais qu'elle n'est pas folle ou nulle, mais qu'elle clairement imparfaite, et typique des premiers jeux en 3D de l'époque, avec ses avantages et ses inconvénients. Heretic II avait le même genre de caméra, personne n'a bash le jeu pour autant (ok, on pouvait la régler avec la souris, mais même).


Pour ce qui est du level design, débarrassons nous tout de suite de la mauvaise épine dans le pied : le niveau de la Fôret du Silence est chiant. Parce qu'il est long, mais looong... surtout si vous jouez le scénario de Cornell : il n'y a pas de musique (ou un p'tit rythme pas bien inspiré), il y a ce fameux passage avec les falaises, des leviers à activer, des plates formes qui tombent et qui remontent, des ennemis qui arrivent par surprise, des clés à trouver dans des cercueils. Whew. Ok... comme premier niveau (ou deuxième si vous êtes sur Legacy of Darkness) ça la fout mal, et c'est vraiment pas adroit de commencer par un niveau compliqué... surtout si c'est le seul vraiment dans le genre. Pour ce qui est des niveaux suivants, ils ne sont pas aussi fastidieux, pas super inspirés, je dirai : on a deux tours jumelles (j'interdis ici personnellement toutes mauvaises blagues) où il faut impérativement entrer dans l'une le jour et l'autre la nuit, une résidence avec certes une bonne ambiance mais aussi un jardin immense labyrinthique et super lourd à finir (quel que soit le scénario que vous preniez), et enfin seulement après vous entrez dans des niveaux sympas. Et je dois saluer aussi Legacy of Darkness pour ses ajouts de niveaux parce que cette version ajoute de nouveaux niveaux qui sont cool : une gallery d'art, des ruines à l'apparence égyptienne, le mur extérieur... et le premier niveau disponible aussi pour Reinhardt et Carrie (mais exclusif à LoD) : le bateau fantôme, qui est sacrément cool au niveau ambiance, et avec un putain de boss à la fin du niveau. Les autres niveaux non exclusifs à LoD sont vraiment bien et inspirés, avec chacun leur particularité, des décors pas trop mals, et qui font appel à des niveaux cultes (tour de l'Horloge, catacombes, égouts) tout en ayant d'autres niveaux innovants (tour scientifique, tour de la sorcellerie...). Le level design rattrape des graphismes parfois inégaux, surtout à cause des textures, notamment dans la Forêt et un peu aussi dans le jardin de la Villa. Le design des personnages n'est pas moche, mais pas non plus inoubliable. J'appellerai ça un design très classique pour un jeu d'aventure, au moins il n'est pas aussi disproportionné que celui de Kojima...

Les musiques, énormément de gens ont été dégoûté par les musiques du jeu, et, une fois de plus, nos chers testeurs vidéos n'ont pas joué la carte de la démagogie et ont gratté leur public dans le sens du poil en montrant LE seul exemple pour dire "la musique est à chier regardez, y'a pas de musique"... c'est à dire en montrant la Forêt, ou bien le jardin avant de vraiment entrer dans le niveau (donc sans la course poursuite qui a lieu dedans avec la musique adéquat). Quel courageux engagement.

Le reste de la bande son... franchement ? pour un jeu qui n'a recyclé aucun thème, sauf en background pour les cutscènes, je dois lui donner un + parce qu'elle est originale, un autre + parce qu'elle est très sympathique si vous choisissez les bonnes pistes ... je sais pas moi, euh... : la grotte souterraine avec Reinhardt, les Tours Jumelles, la Tour de l'Horloge, la Tour Scientifique, la Tour de la Sorcellerie, l'escalier avant Dracula, le combat face à Dracula (car oui, on a Dance of Illusions ici, ce qui est le moins qu'on puisse dire par rapport à Adventure Rebirth sur Wii)... bref, choisissez quoi. Ok, cette B.O n'est pas une oeuvre d'art, mais elle a de la personnalité, du style, de l'ambiance, c'est tout ce qu'on demande à un castlevania non ? elle est moins nerveuse, c'est vrai, mais le jeu lui même est moins nerveux et a plus joué sur une ambiance sombre, morne et glauque, oh... choc... mon Dieu... comment un jeu parlant de Dracula a pu faire ça ? ET je dois encore donner un + à cette bande son pour être une excellente musique de fond pour quand vous faites vos devoirs ou lisez un livre, elle vous accompagne presque (nan sérieusement, j'avais la BO qui tournait pendant que je lisais Frankenstein, à certain moments ça m'avait limite l'air de coller au livre). Ce qui nous donne 3 "+" pour cette B.O jugée nulle à chier par les fans... donc... hm. Ouais. Fans de Castlevania, vous pouvez tout simplement fermer votre grand clapet.


Conclusion sur ce jeu ? Si ce n'est pas un Metroidvania, Castlevania 64 a clairement changé le cap de la série et rendu le jeu plus exploration qu'aventure linéaire, il a clairement sa place dans la saga et un intérêt rien que pour cet aspect, et les autres que j'ai cité.

Waoh, comment je l'ai bash, je n'aurais jamais cru être aussi violent avec un jeu de toute ma vie. Clairement ce jeu mérite son titre de plus mauvais jeux Castlevania donné par une horde de fans crétins et de vidéotesteurs démagogues... sérieusement, j'ignore pourquoi est ce que le jeu a reçu autant de pierre, il a des défauts qui empêche une vraie expérience de jeu et qui demandent de l'acharnement, oui, mais on approche pas non plus de l'insurmontable à la fucking Final Fantasy XIII, de plus, le jeu en vaut la chandelle. Si vous voulez réellement vous lancez dans l'expérience, je vous conseille de prendre Legacy of Darkness, un peu plus rare mais pas introuvable non plus, car il contient toute l'aventure à lui seul. Mon dernier mot sur ce jeu : je pense que non seulement il est mieux qu'un paquet de Castlevania, mais qu'il réussit là où les deux autres sur PS2 ont échoué : il a de l'ambiance... et c'est ce qu'on demandait à la série avant tout non ? j'ignore pourquoi les testeurs n'ont pas voulu regarder ce jeu pour ce qu'il était, mais je sais au moins une chose, je sais pourquoi j'ai contesté les fans et ne suis pas allé dans le sens des gens comme JdG ou AVGN, qui ont plus de public, de moyens, de talents et de crédibilité que je n'en aurai jamais ...? Beh. Parce que je suis un connard prétentieux qui n'a rien de mieux à faire de sa vie, tiens...

Spoiler:

review bien argumentée!
je n y ai jamais joué donc je ne peux pas vraiment juger mais graphiquement le jeu a l'air quand même particulièrement moche.
Evidemment en mouvement, ca doit mieux rendre mais ca ne m 'êmpeche pas de penser que les débuts de la 3D ont lairement fait du mal à certaines licences qui auraient pu profiter des capacités 2D de la N64.
J ai joué par contre à Curse of Darkness sur xbox et effectivement c'était un épisode sans grande envergure, enfin c'est le souvenir que j en ai.

Très bonne review en effet, d'ailleurs au passage, je lis tous les dossiers mais je les commente rarement, parce que je sais pas trop quoi dire, mais celà n'empêche que c'est chouette à lire.